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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 16:04

NIETSMAR REFLECHIT…

11 janv. 16.

Perdu et isolé dans sa tanière à Château, Nietsmar reçoit néanmoins, via les journaux télévisuels ou radiophoniques, essentiellement Arte et France-Culture, des informations relatives aux migrants de toutes nationalités vers l’Europe, toutes plus désolantes les unes que les autres. Il allume le projecteur sur ce sujet, car il est lui-même un descendant de migrants, de Roumanie côté paternel, de Pologne côté maternel. Dans les deux cas, les motifs de la migration étaient double : la fuite devant les menaces de pogroms et l’espoir d’une vie meilleure. Il est lui-même parfaitement intégré, grâce à la médiation positive de sa mère pour la France et aussi aux « hussards noirs de la République ». Et peut-être aussi sous l’influence de l’air du temps ; ainsi, en dépit d’un certain scepticisme, il acceptait la musique « nos ancêtres les Gaulois »…

Ce en quoi il se reconnaît dans les migrants des années 2010, c’est qu’eux aussi fuient un danger de mort et désirent une vie meilleure. Mais la globalité environnemental est bien différente. Dans la masses des immigrés des pays de l’Est, il n’y avait pas de « terroristes » potentiels, même s’il y avait de nombreux syndicalistes, lesquels se fondaient dans les organismes adéquats.

Au moment de l’immigration des ascendants de Nietsmar, la France manquait de bras et même s’il existait une fraction de la population rejetante, la vie ensemble était possible. Nietsmar lui-même a bénéficié d’une attention invisible mais efficace du corps enseignant.

Les descendants des immigrés musulmans n’ont pas reçu la même sollicitude, au contraire. Dur pour eux d’accéder aux études supérieures, et quand c’était le cas, dur pour eux, de trouver du travail, dur pour eux, de trouver un logement.

Avec un tel regard jeté sur eux, facile pour eux d’être séduits par les sirènes de la révolte et ensuite facile de trouver le chemin qui permet le passage à l’acte. Ils font d’excellents exécutants.

D’autant, qu’en dehors de leur histoire immédiate, pour certains d’entre eux et en tout cas pour les élites qui les prennent en charge, cette histoire s’inscrit dans une histoire à distance qui n’est pas à l’honneur des pays occidentaux colonisateurs. Ce que Nietsmar savait, pourquoi eux ne le sauraient-ils pas ? En dépit des beaux discours sur la civilisation, et de la fraction de la population toujours du côté des vainqueurs, l’ensemble des colonisés se souvient surtout de ces mots : humiliations, persécutions, spoliations, injustices, qui recouvrent des réalités bien concrètes.

10 janvier 16. Après des millions d’années d’évolution, l’homme, au sommet du règne du vivant, est doté de 5 sens qui lui permettent d’être informé de son environnement pour sa sécurité, son alimentation, ses vêtements ou son abri. Mais certainement pas pour savoir ce qui s’est passé il y a des millions d’années – comme le climat – ou des millions de kilomètres – comme sur Mars.

N’est-ce pas un miracle que le cerveau humain puisse se faire une re-présentation de ce qui est très loin dans l’espace ou dans le temps. Ainsi l’homme sait l’histoire de l’univers très peu après le big-bang ou les paléo-continents comme le Gondwana ; ce cerveau peut même dans certains cas, prévoir l’avenir comme le futur climat ou la fin d’une étoile !! N’est-ce pas miraculeux ?

Et bien Nietsmar, à 82 ans, a accumulé tant de faits à la fois historiques et géographiques que son cerveau l’a rendu pessimiste : il y a toujours eu des conflits sanglants et il y en aura donc toujours. Le Mal, comme le Bien habitent l’homme ; selon qu’il donne à manger à l’un plutôt qu’à l’autre fait que l’un des deux domine l’autre.

Qui peut se vanter de n’avoir pas, imaginairement en tout cas, souhaité la disparition d’un autre qui le gênait ? c’est vrai qu’on peut tout imaginer, mais on ne peut tout faire ; c’est là un des effets les plus importants de toute civilisation. Le cannibalisme est interdit ; interdit facile à respecter dans un environnement normal ; mais il devient possible sur le radeau de la méduse ou dans l’expédition Arctique de Franklin en 1845.

9 janvier 16. La physique quantique décrit deux types de particules élémentaires : les fermions et les bosons. Ce qui les distingue c’est que les premiers (comme les électrons, les neutrons) ne peuvent pas s’accumuler dans un même volume de l’espace, dès qu’ils le tentent, ils se repoussent violemment. Au contraire les bosons (comme les photons) peuvent le faire et c’est ce qui est à l’origine du rayon laser qui est une accumulations de photons.

Nietsmar observe que cette sorte de loi s’observe ailleurs que dans la physique quantique. En particulier chez les hommes ! Dès qu’il y a deux entités semblables – même si par ailleurs elles possèdent quelques caractéristiques différentes – elles entrent en rivalité, parfois en conflit qui peut aller jusqu’à la disparation de l’un des deux.

Les exemples ne manquent pas dans l’histoire de l’humanité ; aussi loin qu’a pu aller la connaissance de l’histoire des hommes qui a laissé des traces, écrites ou non, ou archéologiques, elle a mis en évidence la réalité de conflits guerriers. Même dans les histoires inventées par les hommes, comme la Bible. Peut-être qu’elle doit son succès pérenne au fait que chacun peut se reconnaître dans les histoires qu’elle raconte relative à l’amour, mais aussi à la haine, à la rivalité. Dès le début, un conflit surgit entre Dieu, et Adam et Eve, chassés du paradis. Puis, quand les premiers frères apparaissent, Cain, ne supportant la préférence de Dieu pour Abel, le tue. Les rivalités se poursuivent sans fin : Jacob et Esaü, Joseph et ses frères, etc. Les descriptions de guerre ne manquent pas. Ça c’est la Bible. Mais aussi loin que l’on puisse aller, les traces de conflits sont permanents chez tous les peuples, sur tous les continents.

C’est donc peut-être un des éléments constitutifs du fonctionnement humain et dans ce cas, il n’est pas étonnant qu’on retrouve des conflits sanglants tout au long de l’histoire. Même si cette histoire n’est pas exempte du contraire, c'est à dire de la solidarités, d’amitié, d’amour et de fraternité. Il doit exister une relation dialectique entre ces deux extrêmes. C’est pourquoi Nietsmar est plutôt pessimiste, ou l’est devenu, car dans sa période active et militante, il croyait au progrès de la société, à un monde meilleur, aux lendemains qui chantent.

L’émigration, un phénomène universel.

Tant qu’il y a de la vie, il y a le désir de perdurer, du moins tant que l’organisme abritant cette vie n’est pas usé au point que la seule perspective possible est sa cessation. Ce constat est universel dans l’espace et le temps. Dans l’espace, et dans les émissions animalières, quand cette pérennité est menacée pour une raison quelconque, naturelle comme une éruption volcanique, ou d’origine humaine comme une déforestation, la vie se déplace pour trouver des conditions de survie ou non…

Dans le temps, nos connaissances acquises grâce au paléontologues et autres savants, ne savons-nous pas que l’homo sapiens né en Afrique, dès que les conditions climatiques ou quelques bouleversements naturels rendaient sa vie locale dangereuse ou aléatoire, il allait à la découverte de cieux plus favorables ; c’est ainsi qu’il a colonisé la planète entière.

Les choses n’ont guère changé et Nietsmar le sait bien lui qui est né d’une mère polonaise qui a fuit la misère et les pogroms à la fin des années 20 et d’un père issu lui-même de parents roumains qui ne supportaient plus les discriminations et les pogroms locaux.

Il s’agissait des juifs en ces temps, mais pas seulement. Il y a eu les polonais catholiques, les italiens, les portugais, chacun gardant des souvenirs xénophobiques que les mots « polaks ou macaronis » résument bien. Pourtant, dans le contexte contemporain, ils étaient sollicité tant était prégnant le besoin de main-d’œuvre…

Maintenant ce sont les peuples opprimés ou malheureux qui expérimentent le même parcours, les africains, les maghrébins, les pauvres de l’Europe de l’Est, formant autant de minorités, à la recherche d’une vie meilleure dans un territoire à qui ils attribuent richesse, culture et démocratie : l’Europe. Le prix à payer est lourd en matière de vies humaines. La Méditerranée le sait bien.

Devant ce phénomène, deux réactions possibles : le rejet ou faire avec. Hélas, le réflexe le plus facile et qui exige le moins de réflexions pour la majorité c’est le racisme, instrumentalisé, idéologisé ensuite par des élites politiques à leur profit.

LA LOGIQUE CAPITALISTE MENÉE JUSQU’À SON EXTRÉMITÉ (Exemples des Anglais, Christophe Colomb, Léopold II)

De sa vie militante, mais aussi de ses lectures, ou du visionnage de certains documentaires télévisuels, Nietsmar a reçu des signaux d’injustices et de cruautés qui parfois le rendait honteux d’être un héritier de la civilisation occidentale. C’est ainsi qu’il a rencontré par exemple que lors de la conquête de l’Amérique du Nord par les Anglais, « l’anecdote » suivante. Dans la culture indienne il est coutumier d’échanger des cadeaux. Au cours d’un tel échange, les britanniques reçoivent telle ou telle offrande des Indiens, et eux, grands gentlemen, offre aussi des cadeaux, en l’occurrence des couvertures, un bienfait pour les indiens pour se protéger du froid de la nuit. Oui, mais voilà… ces couvertures avaient servi préalablement à des victimes de la variole, et donc offertes dans le but parfaitement conscient de contaminer les indiens qui ont effectivement été décimés par ce virus contre lequel leur système immunitaire était parfaitement impréparé !!

Dans ce cadre des contacts avec les Indiens, Christophe Colomb note dans son carnet de bord sa première rencontre avec eux. Il est accueilli par un chef indien de l’île qui lui offre gite et couvert à lui et à ses hommes. La première chose qu’il remarque est le port d’anneaux divers en or. Et la première remarque qu’il se fait à lui-même avec jubilation, c’est : « Dieu a guidé mes pas, il y a de l’or dans ce pays ». Oui. Non, l’idée ne lui a pas traversé l’esprit de se dire : « Tiens, ils ont une culture singulière, ces gens-là, et c’est pas si mal. Sans nous connaître, ils font preuve d’une hospitalité remarquable ! C’est vraiment formidable ». Non ! ce qui est formidable c’est la présence d’or, un des produits recherché par l’expédition, si difficile à mettre en œuvre.

A l’inverse, il y eut bien Bartolomé De La Casas, ce prêtre, témoin des atrocités commises consignées dans un rapport signé par lui. Mais cette dénonciation n’aurait pas eu lieu dans la réalité des exactions quasi hitlériennes, compte tenu des moyens techniques de l’époque, commises par les Espagnols.

Cette hargne dans l’accaparement a trouvé une sorte de sommet dans la façon dont Léopold II, roi des Belges. A l’époque contemporaine de la sienne, il y avait cette sorte de boom qui avait nom caoutchouc, nécessaire à la production de pneus pour équiper les automobiles, elles aussi l’objet d’un boom. Pour ce roi, propriétaire du Congo, il n’était pas question de ne pas saisir ce contexte pour s’enrichir et faire monter l’action de la société dont il était propriétaire. Alors, alors il n’a pas hésité à payer des collaborateurs nègres (au sein des opprimés, il se trouve toujours des personnes qui décident que c’est mieux d’être du côté des vainqueurs) pour recruter de force et exploiter cruellement d’autres nègres afin de recueillir le précieux produit des hévéas congolais. Pour cela, excusez du peu, il confia des fusils à ces collabo et 10 cartouches. A ceux qui refusaient de travailler, on leur coupait une main ; à ceux qui s’enfuyaient, il était ordonné de les abattre. Mais attention, pour justifier l’usage des munitions, il leur était demandé de rapporter la paire de testicules de la victime !!! Quelle humanité que ce capitalisme !. Bien sûr, derrière chaque action boursière ne se cache pas de telles extrémités, mais presque toujours, d’autres vilenies plus sophistiquées. Cet exemple caricatural est choisi pour se rendre compte jusqu’où peut aller la logique capitaliste, entre bien d’autres encore.

Nietsmar, qui est-ce?

Nietsmar, à 83 ans et 5 mois, est fait d’un tissu issu de 3 sortes de fils différents : les expériences liées à son statut de juif qui a traversé la Shoah ; il en résulté une grille de lecture des évènements fondée sur les lois qui gouvernent le fonctionnement des minorités, en plein et en creux. Celles liées à son statut de militant communistes durant des décennies ; ce qui n’a pas pu ne pas faire naître une grille de lecture politique, fondée sur le marxisme. Enfin celles liées à son activité professionnelle, la pédiatrie, heureusement complétée par les connaissances de la psychanalyse d’enfant, grâce à Françoise Dolto ; la découverte de la construction au jour le jour du bébé vers l’âge de raison a été passionnante pour lui, et a généré une troisième grille de lecture, qui tente décoder le pourquoi du fonctionnement personnel humain, contrairement aux deux premières, plus adaptées au décodage du fonctionnement de groupe humain.

Si bien que devant n’importe quel fait rencontré, il s’acharne à le faire entrer dans la cohérence de ses grilles de lecture ; il en est manifestement esclave. Mais le fait d’en être esclave, implique-t-il que la lecture est erronée ? Ce peut être le cas, mais non forcément !

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